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Association de Défense et de Promotion du Jeu Provençal
La semaine dernière à Château-Arnoux, nous étions inquiets…Les nouvelles d’Alain n’étaient pas bonnes…Ses plus proches amis étaient déjà sous le choc comme sonnés de le savoir condamné même si ils se raccrochaient toujours à un espoir si minime soit-il…Hélas il n’y a pas eu de miracle et le très grand champion que fut Alain ANGELVIN malgré toute sa classe et son abnégation n’a pu gagner cette partie-là, il est vrai contre un adversaire particulièrement sournois.
Alors penser à Alain ANGELVIN c’est tout de suite associer son nom à cette triplette de légende qui est entrée dans l’histoire du Jeu Provençal en remportant 3 fois consécutivement le titre national en 1986, 1987 et 1988…ANGELVIN, CAPELLE, LAFLEUR !...Oui la fameuse et unique triple levée de Pra Loup, Sète et Roanne au coeur des années 80 qui fut certainement la décennie la plus relevée en terme de qualité de jeu et de joueurs...Certainement la triplette la plus équilibrée de l'histoire avec à chaque poste l'un des meilleurs spécialistes du moment et surtout une parfaite alchimie entre les caractères et une complémentarité jamais égalée...L'expérience et la roublardise avec un peu de folklore et de fantaisie d'un Henri Lafleur, le côté cartésien et efficace d'un Jean Paul Capelle, et enfin le calme, la pondération et l'équilibre d'un Alain Angelvin...Un trio magique, aux résultats incroyables qui en plus avait la "grinta" et la force de croire que ce maillot là, conquis tout près des cimes dans leurs Alpes du Sud, et bien ils ne le perdraient jamais ou le plus tard possible...
Alain Angelvin fit également équipe avec Gérard Ressiore, mais c'est encore avec Jean Paul Capelle qu'il alla s'offrir une nouvelle tunique tricolore, aux deux en deux cette fois en 1997 dans le grand nord de Sarreguemines portant ainsi sa "penderie" nationale à 4 unités ce qui vous classe déjà un champion...Le duo fit aussi une finale perdue celle là face aux gardois Jean Pierre Ferret et Gérard Sigal à Thionville en 1991...
Enumérer le palmarès d'Alain Angelvin relève de la gageure, simplement il a remporté les plus grandes classiques des Alpes (Gap, Laragne 2 fois, Manosque...) et d'ailleurs (Pertuis, La Tour d'Aigues, Le Tholonet, Fos 2 fois, Saint Gilles...........) avec des jeunes grands talents comme Marc Dussaillant, Anthony Kerfah, Cedric Bosch, Fabien Ripert entre autres, et aussi plus de 35 participations aux Championnats de France...Il ne manque qu'un Provençal (une demie en 2013 avec Vial et Dussaillant) et un Midi Libre mais il n'est hélas jamais trop venu à Nîmes ou Beaucaire...Peu importe au prix de l'Elégance, de la Classe et du fair play il est largement sur le podium et ça ça vaut plus que tout...Un gentleman joueur.
Ainsi parler d' Alain c’est aussi avoir envie de s’exprimer d’une voix douce, posée, élégante, pondérée comme lui…C'est vouloir contempler une vie comme une de ces vallées pré-alpines de la Haute Provence, avec sérénité et fierté sur un passage réussi qui laissera la plus belle des empreintes...Celle d'un grand Monsieur.
"Ne dites pas il nous laisse, regardez ce qu'il nous laisse..."
Adieu Monsieur Angelvin la bise à Henri, une pensée pour Jean-Paul qui doit se sentir bien seul et bien sûr pour Nicole son épouse et toute sa famille qu'il aimait tant.
Vincent MEGER "Raoul30" - 11 Août 2017
"Fou, fou, fou ce Provençal !..." Pour sa centième édition le "papet" des concours avait décidé de s'offrir comme un immense délire, une cure de jouvence et des nouvelles têtes, avec comme point d'orgue une merveilleuse finale, originale certes, mais d'un excellent niveau, avec un suspens intenable et insoutenable, des émotions rares et sincères et au bout du bout le graal absolu pour l'immense Charly Bounoua et ses deux amis Richard Aumage et Lionel Cerriana face aux valeureux Pierre-Jean Coucourde Eric Herzog et Clément Kerisit qui peuvent être légitimement déçus par la cruauté de l'issue mais fiers aussi de ce qu'ils ont fait...
Alors j'arrête tout de suite ceux qui pourraient mal interpréter mon introduction sur ce Provençal quand même un peu délirant, disons le tout net, les parties les équipes finalistes les ont bel et bien gagné et de haute lutte, et si les têtes couronnées ont chuté c'est soit par manque d'efficacité au tir (notamment pour Ben et Stievenart en quarts avec des stats peu habituelles pour de tels cracks) soit pour ne pas avoir su gagner quand c'était le moment comme ce fut le cas pour la team Martello Bovo Moscioni qui loupa le coche en fin de demie finale...
Oui ce fut une semaine un peu folle, 940 équipes, légère baisse liée aux incertitudes sur la tenue du concours et du coup un tour de moins à disputer, avec dès le lundi après midi un véritable finale avant la lettre entre Stievenart et Kerfah, un duel serré et tendu à souhait qui voyait le crack marseillais s'incliner à 10 dans le contre allée montant au Château devant une galerie record...Au petit jeu de massacre des premiers jours et des premiers tours plusieurs grosses écuries connaissaient une sortie de route prématurée, comme les teams Capelle (il est vrai face à Griseri), les Champions de France Segui Martini Girard, Chamberon (vainqueur en 2015), Ceyte, Pellegrini, Mellado, Gosselin, Pironti, Sanchez, Bonzi, puis au gré du mardi et mercredi matin Valero, Flores, Terreno, Muratori, Propos, Sarrian, Lourdault, Lopez, Nista, Jorge, Scotto, Valdes entre autres dont votre serviteur...
Tout était en place pour les quarts qui allaient nous offrir de sacrés surprises...En ce Mercredi après midi extrémement venté, les dieux étaient tombés sur la tête comme on dit avec la chute des deux grands favoris du concours Stievenart Domenge Serrano et Benmostefa Rouvin Giordanenco, ces deux teams devant s'incliner aux portes du Stade Calanotti... Les premiers nettement battus 13/2 par Martello Bovo et Moscioni auteurs d'une grosse partie et qui du coup devenaient logiquement les favoris des suiveurs, notamment au vu de leurs palmarès et des qualités de jeu fournies dans ce tour...
Les seconds eux "bricolaient" quelque peu avec un Ben en délicatesse dans ses tirs, manquant les cibles de justesse, mais manquant...Ils menaient tant bien que mal 7/3 puis 11/6 face aux vauclusiens emmenés par Charly Bounoua avec Richard Aumage et Lionel Cerriana, qui avaient le mérite de s'accrocher de ne jamais renoncer et tout simplement de croire en leur bonne étoile qui on le saurait plus tard allait les conduire au paradis des longuistes...
Et qui sait c'est peut être ici, sur ce jeu N°1 en rentrant à gauche dans le Borely dans l'allée de la Roseraie, ce jeu si dur, si traitre, si bombu, si improbable, que s'est certainement dessiné l'esquisse du destin glorieux des trois rois mages venus de Vallis Clausa...Vers 19h20, ce qui devait être l'avant dernière mène s'engageait mal à 20 métres avec deux "renards" par côté d'Aumage et un gros point à 30 de Rouvin qui semblait avoir pris une belle option sur la mène et la victoire...Mais à cet instant et pour utiliser une des expression favorite de Charly Bounoua, le Dieu du stade qu'il cite souvent, eut la bonté d'intervenir pour redresser une boule bien jouée par ce dernier, qui prit légèrement le but pour lui faire gagner ce gros point désormais à plus de 20 pas, presque contre le fil...Ben s'élança par deux fois et ne put ajuster la mire, la boule resta là jusqu'à la fin seule, unique, décisive... permettant à Charly et ses droles de potes de revenir à 10/11, on sentit dans la foule des murmures et un fluide qui se confirma à la mène suivante par une dernière mène un peu chanceuse encore où les futurs vainqueurs portaient l'estocade de trois points à leurs prestigieux adversaires incrédules...
Dans les autres quarts, le vaillant trio Arles Saint Martin de Crau Port de Bouc de Pierre Coucourde Eric Herzog et Clément Kérisit produisait un gros jeu d'appoint dopé par une grosse mène pour se défaire des valeureux marseillais de Izzo Penna et F Gomez avec déjà un certain suspens et une victoire 13/11. Herzog et sa cordée étaient lancés à la poursuite de leur Annapurna, il ne restait plus qu'une étape pour apercevoir le sommet, un dernier camp de base cette nuit et demain jeudi ils rentreraient de le stade...
Autre équipe à y rentrer celle emmenée par le Marseillais Christian Tommasini (Président de l'YCPR) équipé aux bas alpins au nom de légende Tony Lafleur (fils du grand Henry) et à la gachette de la grosse boule Nicolas Laugier déjà souvent bien placé ici...Ils battaient le trio de Plan de Cuques Manu Kerfah Alain Vicensini Julien Aguerro auteur d'un remarquable parcours mais un peu émoussé sur cette partie.
Le lendemain dans le stade, les demies finales allaient nous offrir des scenarii radicalement différents avec dans le premier duel, une partie à sens unique se soldant par une fanny en 6 mènes pour les malheureux Tommasini Lafleur Laugier absolument incapables d'en jouer une et de rentrer dans cette partie, embrassant du même coup de manière bien involontaire et funeste l'arrière train de la déesse maudite des joueurs de boules face au trio Bounoua Aumage Cerriana ravis de profiter d'une telle aubaine...
La deuxième demie devait se révéler beaucoup plus indécise et à suspens, Martello et Bovo (deux doubles champions de France) associés au talentueux Moscioni semblaient bien partis et tenaient le bon bout face aux accrocheurs Coucourde Herzog et Kerisit, mais quelques ajouts loupés par ci par là, quelques boules pas veinardes et notamment des contres assassins, les amenaient à 12 à 11 aprés qu'il aient vraiment laissé passé leur chance à l'antépénultième mène manquant deux ajouts pour la gagne...Dés lors le trio outsider de Port de Boucain ne laissait pas passer l'occasion et Kérisit l'artilleur revenu au top dans le "money time" frappait double dans la dernière passe, dont la dernière pour la gagne, pour ouvrir en grand les portes de la finale au grand dam de l'équipe Martello qui pouvait nourrir de gros regrets...
Ce vendredi 28 juillet, les conversations allaient bon train, avec en toile de fond déjà un mini bilan sur ce Provençal un peu "Fada" qui désormais c'était sûr allait s'offrir à des noms inédits, jamais titrés au niveau national et pour les six joueurs aucun n'ayant jamais atteint la finale...Justement ces joueurs, ces braves, rentraient dans le stade Calanotti, bien garni malgré l'absence de marseillais, dans leurs sobres tenues blanches pour l'équipe Coucourde et totalement noires pour la team Bounoua (décidément pas superstitieuse pour deux sous...).
Après un protocole un peu longuet et folklorique les équipes rentraient dans le vif du sujet et se livraient à un combat sans merci, mais dans un parfait état d'esprit, les protagonistes se connaissant bien et se comportant de manière totalement chevaleresque.
Partie impossible à relater tant il y eut de retournements, au sein même des mènes qui étaient incertaines jusqu'à la dernière boule... Vers la fin tout le monde retenait son souffle, on ne savait plus, on n'avait plus aucune certitude...Les équipes au bout du bout de leur merveilleuse épopée laissaient tour à tour passer leur chance...12 à 12 nous y voilà, le concours ne savait plus vers qui allait, il fallait aller vers lui...L'émotion était à son comble, palpable, touchable...On aurait voulu qu'il n'y ait pas de vainqueurs, que le 13éme point soit mesuré nul et que les deux équipes s'embrassent et se partagent le titre...Mais Herzog l'a perdu de justesse et la deuxiéme boule de Cerriana tenait pour quelques millimétres...Une dernière fois Pierre Jean Coucourde prit son souffle et s'élança sur le goudron sablé du carré d'honneur...Manqué Perdu et ce fut manqué, perdu...On aurait préféré une autre fin avec une frappé gagné pour Charly, Clément ou Pierre Jean mais cela se termina ainsi...
Mais le moment fort de cette finale ce fut bel et bien quand Charly décida de prendre le tir, et sur les quatre mène suivante frappa 6 fois de suite pour autant de tentatives faisant se lever le stade...Du grand art, un vrai show pour l'homme à la casquette à l'envers qui fait le Sirtaki quand il tire, par sa course d'élan en travers rappelant la danse grecque...Ici à Marseille fondée par les grecs c'était un signe fort...Finalement il signa un magnifique 7 sur 9 avec de trés beaux ajouts aussi et surtout il fut le guide quasi spirituel de sa partie et de son destin bien accompagné par un excellent Richard Aumage ouvrant bien les mènes et un Cerriana un peu en dessous sur cette finale mais toujours opportuniste...
Charly number one, cette fois ça s'imposait, il pouvait se retourner et voir la boule de Pierre Jean manquer sa cible...Il ne rêvait plus, il venait à 72 ans de remporter le Provençal, de réaliser son rêve le plus fou..."Fais de ta vie un rêve et de ton rêve une réalité..." c'était ça...Alors il regarda le ciel il croisa le visage et le sourire de son frère tant aimé Noro et il pleura comme un gosse...La foule des amis qui l'entoura, communia avec lui et ses coéquipiers dans un grand moment d'émotion que seul le Provençal peut nous offrir jusqu'au fameux Coupo Santo de grande cuvée...
Cent Provençal, Sang Provençal, tout était dit, l'histoire était belle...Surprenante, fraiche, émouvante, vibrante et surtout tellement humaine.
Merci à tous ces hommes et ces femmes qui font le Provençal, l'ASPTT, le Conseil Général, la Mairie et les partenaires mais aussi et surtout aux bénévoles et aux joueurs...Ainsi dans une communion baroque, chaque année le rêve se prolonge et la légende reste en marche !
Le Provençal !
Il aura cent neuf ans cette année, mais ce dimanche 23 juillet 2017, malgré beaucoup d'incertitudes ce sera bel et bien le départ de la centième édition du plus ancien et du plus prestigieux de tous les concours de boules, "Mecque du Jeu Provençal" et véritable mythe pour tous les joueurs de Longue : Le Provençal !
Plus qu'un Concours...
Depuis plus de cent ans, c'est bien plus qu'un concours de boules qui nous unit, bien plus que de simples sphères qui roulent et s'entrechoquent, bien plus que quelques coups de chance ou de malchance qui font ou défont un destin, bien plus que de beaux souvenirs et des lettres d'or aux Palmarès des Champions...Non Le Provençal c'est plus que tout cela, c'est plus qu'un concours, c'est tout un coeur qui bat et tout le sang d'un peuple qui coule dans nos veines...Tout un sang Provençal...
Alors quand Monsieur Gibron eut l'idée du Concours au début du siècle dernier il ne se doutait certainement pas qu'il allait créer la plus belle des étoiles pour les joueurs de boules, et au fil des décennies à travers les légendes qui l'ont construite...Etoile à 7 branches pour "le blond" André Massoni recordman absolu au Palmarés devant d'autres légendes à 5 étoiles nommées Albert Calanotti, Le Bimbo, Louis Benoit Gonin et Philippe Roux..Etoile filante pour certains pourtant très grands qui n'ont jamais pu la décrocher même si ils s'en sont approchés très prés...Et légende aussi pour les noms des autres grands cracks qui nous ont fait aimer les boules et chérir le Provençal : Le Maggi, Le Rouge,Charlot Oderra, Sardine, Petit Fernand, Le Bajard, Baldi, Othello, Lilou Maurin, Le Japonais, Vivancos, Lovino, Locatelli, Partengo, Racanelli, Pironti, Cortes, Gastaldi, Lombardi, Ruggieri Chauvin, Carbo, Giordanenco, Mussi, Bonnifay, Calvez, Guerrieri, Lafleur, Cavaliére, Griseri, Valdes,Fontani, Ceyte, Rosati, "Ben", Rouvin, Matraglia, Stievenart, Terreno et Kerfah parmi tant d'autres...
On ne s'éternisera pas sur les statistiques, ce n'est pas le but de cet hommage, mais le Provençal est bel et bien le concours de tous les records avec 1849 équipes engagées en 1983, et des finales disputées devant des milliers de spectateurs, le stade vélodrome et sa piste cendrée servant même de théâtre à l'ultime partie et au dernier succès de l'aigle noir Calanotti en 1968...
Alors d'où que l'on vienne, on marche vers l'étoile, on visualise les paysages avec le même rêve qui nous guide, années après années, des chemins de Provence bordés de cyprès, aux nationales du Sud cernées de platanes, aux routes de Camargue qui rejoignent la Crau en rasant roseaux et autres tamaris...Les mêmes images, les même repères, les mêmes fétiches, on refait toujours le chemin...Qu'on vienne du levant et du Var ou même de la Côte d'Azur, qu'on traverse les Rhône, le petit puis le grand, en venant du Gard ou de plus loin encore, on sait très bien qu'en voyant la bonne Mère, en serpentant sur la corniche jusqu'au David, ou en descendant le Prado on touchera bientôt au but...
Le temps, les hommes :
Semaine sainte ou Sainte semaine, le samedi pour les autochtones on a acheté le Provençal, on a regardé le tirage, on est allé chercher le carton et les cadeaux à Borely et puis on a préparé les affaires, la chemise, le polo ou le tee shirt, le short ou le pantalon, les chaussures, on a astiqué les boules rempli la sacoche et la glacière, il va faire chaud il faudra boire, beaucoup boire, rester frais demain...
Dimanche on a peu dormi, on est un peu stressé quand même, ces mecs en face on les connait pas, ça se trouve ils sont forts, ils en manquent point, ils rongent le bouchon...On verra bien...Le temps de faire deux cent cinquante bises et c'est bon on trouve notre jeu, on y est ça va, tout se passe bien, finalement ces Goldoraks de la nuit font que des renards et le tireur en attrape point...On va manger dans le Parc on joue prés du Chateau cet après midi, monte davale ce jeu mais finalement nos adversaires ont joué pour participer et travaillent demain, donc on finit en buvant un coup au Skating et en les remerciant...La mission pour le capitaine est simple, tirer l'impair pour le lundi matin qu'on se repose un peu...Il revient avec le sourire on sera là demain après midi, un lundi au soleil...
Le lundi c'est spécial, souvent on en fait qu'une mais elle vaut le coup car revenir le Mardi c'est déjà un bon petit Provençal et puis il en reste encore des "souplettes" comme on dit alors pourquoi pas...
Le mardi, "bien on est encore là diront les uns", ou "le concours commence vraiment" clament les champions, c'est vrai qu'on attaque les 64éme et logiquement les 128 qui restent sont des équipes de joueurs de boules, il n'y a plus guère de balourdes, on a droit aux premiers gros chocs, les galeries grossissent, ça commence à timbler dans des fins à suspens et on arrive à discerner les favoris et les vrais prétendants...
Le mercredi ça se précise le matin ils ne sont plus que trente deux trios pour les seizièmes de finales, on vous remet un joli polo (ils étaient blanc et rouge pour nous...), les jeux s'espacent, la presse commence à vous suivre à vous interroger, il faut garder la tête froide la concentration, être le plus frais possible, boire encore et toujours, être proches de ses coéquipiers mais dans sa bulle aussi, trouver le bon dosage, la bonne distance, la motivation vient seule depuis dimanche on l'a et elle n'a fait que grandir partie après partie, "y a un coup à faire, pourquoi pas nous..." se murmure t'on...L'après-midi c'est les huitièmes et là on en prend une grosse, c'est normal, il n'y a plus que ça...Les langoustes prennent pas si souvent le port de Marseille comme on dit ici quand des inédits se présentent à ce stade...Il y a toujours dans les huitièmes des parties à suspens, où on semble jouer les prolongations, des scores serrés, 11 à 13 on s'arrête là avec des regrets pour la vie mais des souvenirs et des joies pour l'éternité...
Le jeudi plus que 3 se disent les cadors, perdre en quarts on dit que c'est la partie du couillon, alors il faut forcer le passage et rentrer dans le stade comme les gladiateurs romains autrefois, c'est relevé c'est sûr mais cela coule de source, ça se jouera sur une bonne entame, sur des bonnes options et sur de la réussite aussi alors si la bonne Mère pouvait nous faire un petit ce serait bien...L'après-midi le stade est là, monstre métallique mini cratère à ciel ouvert où peuvent se brûler les ailes les plus fluides, on change les polos, on reconnait nos amis dans les tribunes d'acier, mais on ne voit qu'un cadre et trois bonhommes en face...Le jeu est différent, dur, avec cette peinture sur le béton au milieu, brrrrrrrr le trac va pas gagner, si près du but il faut se surpasser pour revenir demain et jouer à Borely un vendredi...
Pour ce dernier jour il faut bien dormir, boire encore et toujours, tout va se bousculer, beaux pantalons blancs, chemise à col fantaisie, protocole et présentation en grandes pompes, ne pas bouffer son énergie sous l'émotion...Gagnants ou perdants c'est un ouragan qui vous emporte toute la journée, et à la fin les énormes coupes, la foule, les amis, les inconnus, les médias, l'ivresse et jusqu'à La Coupo Santo unique elle aussi...Il n'y a qu'ici que résonne cet hymne on ne peut plus ancestral et symbolique du Sang Provençal...
L'espace :
Le décor du Parc Borély nous oblige aussi, ici on dit le Parc ou Borély, véritable théatre des rêves, avec son goudron inégal tapissé de grain de riz, ses bordures si tentantes pour les boules mal envoyées...En entrant à gauche les premiers jeux larges et bombus à souhait, plus loin après le palmier le virage de la Roseraie, fleuri mais si traître, ses ombres et ses lumières comme ce qui se joue sous nos yeux et parfois à l'image de nos propres vies...On avance vers le jet d'eau, le château et sa grande pente, au bord en redescendant allées et contre allées, mais aussi l'hippodrome ou l'un de mes partenaires Nîmois ayant manqué s'est retourné en attendant que sa boule revienne après un tour de piste...Et les stades bien sûr qui pour beaucoup rappellent les chaleurs du premier jour et parfois les rêves envolés prématurément mais aussi où de grandes épopées ont vu le jour...Magnac, La Pomme, Saint Loup, Caujolle, La Soude, Ganay, Henri Tasso, La Madrague, Le Cesne...
Le carré d'honneur baptisé depuis quelques années Albert Calanotti est dressé à partir du mercredi au centre du Borély tout prés du bassin, mais jusqu'à la fin des années 80 les parties finales se déroulaient juste avant le Borély à droite dans ce qu'on appelait le stade de l'Huveaune...L'histoire dit aussi que pendant très longtemps avant la guerre les finales se sont disputées dans les arènes du Prado qui étaient bondées...Quelques curiosités aussi avec dans les années 90 et 2000 le palais des sports et la plage du David pour accueillir les derniers parties du Concours...
Alors en remontant la corniche encore une foisje repensais à tout ça, en regardant la Méditerranée par delà le Prophète tapisser l'horizon de lumière et de force, il me revint en tête le conte de Noel que j'avais écrit en mémoire de mon ami Mimi naguère vainqueur du concours et qui je le crois le joue toujours là haut...
"La lumière acidulée de cette fin de jour rose tamisait le château et narguait la chaleur qui perdait de sa superbe. Il se retourna pour contempler le Borély une dernière fois comme si le soleil se couchait aussi sur sa vie...En rentrant il pensa à ce que lui disait son père "Les joueurs de longue le savent, on ne meurt jamais tout à fait, on refait toujours la partie...".
Il partit à l'automne un jour de mauvais vent.
Le Noel suivant dans la famille, les petits firent tomber une boule du sapin qui en se brisant laissa apparaître un papier sur lequel Emile avait écrit...
Si simples et si rituels
Ces gestes éternels
Ce jeu est notre amour
Son nom est ce concours
Et quand on y a goûté
On en rêve en secret
On traverse la vie
Dans cette rêverie
Combien de jours passés
Combien de nuits laissées
Tenir plus que courir
Vieillir à en mourir
Avec comme idéal
Un dernier Provençal !
Un bon provençal à toutes et tous, prenez du plaisir c'est une valeur qui ne se démode pas...Merci aux organisateurs de l'ASPTT et à son Président Robert Caturegli ainsi qu'à la Ville de Marseille et son Maire et plus généralement à tous ceux qui ont oeuvré pour que le Provençal puisse continuer à vivre et à nous faire rêver.
Vincent MEGER "Raoul30" - Juillet 2017 - Tous droits réservés.
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