Pour tous les nostalgiques de la grande époque du Jeu Provençal, j'ai décidé de commencer une série de portraits courts agrémentés de photos vintage de quelques unes des grandes figures de la Longue qui ont marqué ma jeunesse et l'histoire...Elle s'appellera "Un jour, un champion..." Précisons que l'ordre de sortie de ces portraits comme le rythme de leur parution resteront fidèles à la physionomie et philosophie des plus belles parties de notre jeu favori, c'est à dire aléatoires et surprenants.
Aujourd'hui nous entamons la saison une avec Emile MEISSONNIER dit "Le tonnelier", pour lui ce jour c'est le mercredi 6 juillet 1983 qui se prolonge jusque dans la nuit aux premièrs instants du jeudi, il remporte le Midi Libre dans les arènes de Nîmes, avec son pote Loulou EBRO et l'arlésien Albert LACROIX. En finale ils battent Dédé SALLES, Antoine MATALANA et le grand Fernand CARBONNEL sur le score de 13 à 11 après avoir été menés 1 à 7 puis 6 à 9 et à l'issue de 3h22 de jeu. "A la dernière mène à 11 à 11 ils l'ont gagné à la dernière, j'y ai frappé à la première et Loulou l'a mis facilement...L'apothéose !" se souvient t'il.
La plus grand victoire de Milou, devant prés de 4000 spectateurs le tonnelier beaucairois qui signe un "canter" au tir en finale avec un 11 sur 15 renouvelant sa grande performance de la demie où avec un 14 sur 19 il avait creusé la tombe des infortunés Serge Miaille Daniel Forin et Jean Dellouche. Cette année là le Midi Libre est dans ces années record et 982 triplettes sont au départ. Il faut donc en gagner 10 pour être au bout mais la petite histoire retiendra que les vainqueurs de cette édition n'en eurent que 7 à disputer, ce qui toutefois n'enlève rien à leur gloire.
Emile Meissonnier sera champion du Gard en doublette avec Philippe Bertrand, et fera un quart au France en 1991 à Villefranche sur Saône avec Alain Arnal et Fernand Pena, il gagnera plusieurs fois le Grand Prix de la Foire de Beaucaire et les grandes classiques régionales avec ses partenaires préférés, tous beaucairois, de l'ancien Nénin Fielloux pointeur scientifique, au grand Castel le joueur de flambe, à Charlot Garcia dit "Crin Blanc", en passant par les Charrière, Palot ou encore Monnier, à Philippe Bertrand qu'il façonna, et bien sûr à son meilleur ami l'immense Loulou EBRO qui est parti trop tôt...Le tonnelier fidèle en amitié ne s'en remit jamais vraiment et pour lui les boules n'avait plus le même goût...En délicatesse avec ses hanches et ses genoux il raccrocha les fers il y a plus de vingt ans et on ne le vit plus que rarement en spectateur avisé des grosses parties sur son Pré Beaucairois.
Mais pour tous les passionnés de Jeu Provençal la symphonie de tir de cette nuit d'été 1983 résonne encore comme une des plus beaux hymnes à l'acier perçus dans l'amphithéâtre romain qui pourtant en a vu d'autres. "C'est simple on avait l'impression qu'il n'allait jamais manquer..." m'avoua même une de ses victimes en demie...Il fabriquait de tonneaux et ce jour là il a mis les arènes en bouteille !...
Un jour, un champion, oui ce 6 juillet 1983 Emile Meissonnier est rentré dans la légende du Jeu Provençal !
Vincent MEGER - Février 2016 - Tous droits réservés - (Photos collection personnelle d'Emile Meissonnier avec mes remerciements)