Le géant, du blanc sur le sein vient percer le matin dans un rituel immuable...Les plus beaux soirs d'été il s'enflamme d'agrumes pour mieux se reposer...Rêve de porcelaine, vrai passeur du soleil, il ouvre la journée, il est l'éternité...
Toujours debout, sacré Ventoux...
Je me souviens de quand j'étais enfant...Mon papet Noé me disait que le Père Noel habitait là-bas, et que si j'étais sage il m'en rapporterait des trésors. Alors je m'endormais en rêvant à de drôles de choses, à ces arbres qui attrapaient les grives, à ces santons aux lèvres gercées par le mistral glaçant ou à ces fruits confits gluants aux couleurs mystérieuses...
Plus tard je pensais aux Lavandes alignées sur ses flancs caillouteux comme des guirlandes mauves suspendues à des pierres. Un jour la glace sculpta les poteaux façon verre soufflé prés du sommet...
De Malaucéne au Chalet Reynard la route devenait mur, un funambule anglais fit tomber sa vie sans pouvoir la reprendre. La légende le prit. Le mont Serein se tût...
Du sommet on dominait La Provence et tous ses jeux de boules...De Mazan juste en bas où on gagnait son vin, à Avignon et l'Oulle que le fleuve pointait, jusqu'au Pré de Beaucaire et son lit naturel ou l'on ne dormait pas...Les Gardois tournaient toujours le pas vers le Rhône...Du Luberon si proche, de Pertuis à la Tour, aux confins du haut Var jusqu'à la Sainte Baume, de Saint Max à Toulon, du Brusc à La Crau et d'Hyères à aujourd'hui...
Au Sud, on laissait Arles et la Camargue toucher Port Saint Louis...En dépassant la Crau, la côte passait au bleu, Martigues et son hiver pouvait bien nous glacer, de Port de Bouc à Fos on se réchaufferait, tandis qu'un peu plus tard on rallierait Marseille, des cercles au Borely, pour le plus grand de tous...
En septembre, lui le roi du Comtat, il regardait les Alpes et leurs cimes plus hautes, en commençant par Gap, arrêt à Sisteron pour finir à Laragne...
Notre jeu parcourait , tout au long de l'année, les chemins de Provence que surplombait le Mont...
"Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage..." chantait Brassens, heureux qui comme les joueurs de longue ont vu cent paysages...
Dans la Nesque si proche, sur les lacets glissants, de retour de Laragne, après les gorges blanches, je fonçais dans la nuit, un lièvre sur la route, la laie et ses petits...Vers où, je ne sais plus...Sacré Ventoux
Et Noel approchant je songeais à tout ça, et en fermant les yeux, je récitais ces vers...
"Durant toute sa vie
On reste émerveillé
Et même si on vieillit
L'enfant jamais ne fuit
L'homme au bout de sa nuit
Est toujours ébahi
Par un spectacle étrange
Ou jamais rien ne change
Cet enfant c'était moi
Cet enfant c'était vous
Sacré Ventoux..."
Bonnes fêtes de Noel et bon bout d'an à vous et à vos familles, en Provence ou ailleurs, offrez de l'amour c'est le plus beau cadeau des hommes...Il ne se démode jamais.
Vincent MEGER - Décembre 2015 revisité en 2021 - Tous droits réservés
