J'aimais beaucoup cet homme. Nous l'aimions tous. Un homme qui avait le Jeu Provençal et les pas du tireur dans la peau et dans le coeur...Lui le fameux danseur nous laissera en mémoire son style et sa course d'élan majestueuse et implacable. Ses plus belles images.
Claude RIVOIRA s'en est allé dans ce frais matin de Mistral a 83 ans et même diminué ces derniers temps, il gardait toute sa tête et sa grande mémoire du jeu qu'il savait si bien raconter...
Alors beaucoup d'émotion en apprenant la nouvelle, tant j'aimais le retrouver la bas dans la halle de Rassuen pour qu'il me parle des anciens et des légendes du siècle. Il m'embrassait et me prenant par la main, me parlait de ce Provençal 1963 où à 25 ans avec son père il avait atteint la finale ou encore du génial Philippe Saury avec qui il avait remporté le Midi Libre en 1988...De la science de son meilleur ami le sorcier François Polichetti à la classe de la famille Chauvin, du rendement époustouflant du grand "Bertrand" au talent décelé très tôt du jeune "Ben" nous parcourions ensemble ses souvenirs de parties pour mon plus grand plaisir...
Mais Claude c'est d'abord et surtout une histoire de famille...Originaire de Gréasque en plein Bassin Minier il va tout naturellement tomber dans la potion magique des boules et du Jeu Provençal aux côtés de son père Mario et sera à bonne école avec les Marcengo, Santoriello, Polichetti bien sûr qui très vite remarqueront ce jeune grand et mince, stylé et gagneur.
Sa carrière et son palmarès sont résolument tournés vers les classiques comme on dirait pour un coureur cycliste et même s'il participa à 4 championnats de France il n'y connut pas un grand succès. Par contre sur sa carte de visite figurent les plus belles affiches comme Digne avec Polichetti et Guy Chauvin (équipe qui disputa le Grand Prix de Digne dans la même composition pendant 40 ans voir photo ci dessous), Pertuis avec Polichetti et Tellez, La Tour d'Aigues avec Henri Salvador lui-même et Simon Consolin son grand pote, Sisteron deux fois avec René et Guy Chauvin, Brignolles, Vidauban, Arles, Beaucaire, Istres, etc et surtout point d'orgue de sa carrière ce Midi Libre remporté magistralement avec les nîmois Denis Salvador et Philippe Saury en 1988 à Beaucaire en battant en finale Mimi Escarra Guy Gastaldi et Jules Marcolini de Biver au terme d'une partie où Claude fit gros tir dans la carré dressé sous la tour Saint Louis au coeur du vrai Pré. Le regret de sa vie restait le Provençal comme il le raconte dans l'interview au journal éponyme avec ce funeste souvenir de cette finale perdue avec son père Mario et Marius Maurel par Fanny en 63 face aux marseillais de Saint André Ruggeri Alfaro et Simonetti...Gros regrets surtout quand il me reparlait de ce quart de finale perdue dans les années 90 avec Robert Toscano et Ben Mostefa alors qu'ils semblaient sur une voie royale après avoir sorti tous les favoris..."Il ne manque que celui là et c'est le plus beau..." répétait il.
Histoire de famille tant il était fier de voir son petit fils Thomas reprendre le flambeau et se révéler un jeune prodige au tir à même pas quinze ans au Midi Libre avec son père Anthony Casado et Malacarne et dont il parlait les larmes aux yeux...Et la famille des boules à Istres Rassuen qu'il avait rejoint il y a 27 ans et où il avait intégré le bureau de la Boule Gazeuse apportant toute son expérience.
Il est parti comme pour une dernière danse lui qui adorait ça, gentleman tireur, tout en prestance et sûr de sa force. Son sourire brillera sur les siens et sur tous les amoureux de ce jeu merveilleux à l'accent Provençal.
Nos meilleurs sentiments et toute notre amitié à sa compagne Jeanine, à son fils Frédéric du côté d'Aubagne Gémenos, à Anthony son gendre et bien sûr à Thomas son plus bel héritier...Le talent et l'adresse ne s'effacent jamais, ils se renouvellent au fil des générations dans un héritage magique.
Adésias Mister Claude et Merci pour tout !
Les obséques auront lieu ce jeudi 14 octobre à 14h30 au Crématorium de Martigues.
Vincent MEGER "Raoul30" - 12 Octobre 2021 (tous droits réservés)